Deux soirées exceptionnelles, deux groupes Locaux ayant écrit un
chapitre particuler de l'histoire du #RockaRoanne. Pour les Chénopodes,
tout a commencé avec des effluves sixties psyché blues en 2010, lorsque
le rock lorgnant vers le British blues et San francisco des
Smokin'lokomotiv crachait ses premières fumées aux Mardis du grand
marais, lors de la soirée anniversaire de la revue la Muse. Un
univers
déjà bien calé autour du chanteur guitariste Florian Mure, aux côtés
duquel allait entre autre s'attacher Hugo Vial, guitariste qui
transitera
par d'autres formations, dont certaines jazz, avant de revenir auprès
de Florian. Aujourd'hui, les Chenopodes ont trouvé avec ces deux potes
et leurs autres collègues musiciens un équilibre parfait en revisitant
le son des orchestres sixties Bamakois. Deux guitares, une basse, une
batterie et un percussionniste assurent la partie instrumentale groovy,
tandis que Florian ou Hugo dégainent des chants engagés mais
écologiques,
en français. Formule originale gagnante, dans l'esprit des savoyards Les
Pitons de la fournaise, pour un groupe ayant déjà bien écumé le
département et les environs depuis deux ans.
Tesche,
quant à eux, sont cinq potes de Coutouvre ayant marqué localement la
scène bourgeonnante du début des 90's, avant de péricliter, comme
beaucoup à l'époque, au profit de l'engagement professionnel un peu
moins Rock'n'roll. Cela dit, les amateurs de concert rock du roannais
connaissent bien Pierrot (Pierre Yves Beluze), habituellement chargé du
son derrière sa console, mais que l'on retrouve ici dans sa peau de
guitariste.
Il y a deux ans que ces potes-là se sont
retrouvés afin de remettre le couvert, et deux concerts à l'occasion
d'anniversaires privés leur ont donné le goût d'aller plus loin. De
nombreuses répétitions plus tard et voilà la formation prête à en
découdre, Jean-Marie au chant, éructant de bons textes en français, sur
un rock nerveux à trois guitares, imprégné de sonorités mélodiques
distordues et de solos, rappelant la Noise des années quatre-vingt dix
donc. Même si ce set actuel est court de 35 minutes, Tesche a su se montrer
impressionnant d'engagement scénique, de rigueur et de
professionnalisme, avant les très bons Cafard palace, dont on ne présente plus le garage nerveux à deux voix. Un beau cadeau, et un bel essai, qui sera transformé
prochainement normalement avec l'enregistrement d'un album. 🤟
Thomas Mascaro à la Base* samedi 6 septembre, pour la dernière de
la
saison, c’était top.
Seul derrière un
kit batterie, armé d’une guitare, de samples et de sons synthés
pré enregistrés, l’artiste Rhône alpin, moitié du duo Cafard
Palace, éructant depuis 2022 leur garage rock sentant bon les
années
quatre-vingt, a installé son set avec force et aisance. Lui,
« projectionniste le jour, musicien la nuit », déroule
ses contines pleine de sens et son son - devant autant à Bashung,
Taxi Girl qu’aux Gories, Cramps, voire aux sixties punk bands
originaux - depuis 2012, même s'il s'autorise des moments pop tranquilles bienvenus.
Rare de trouver autant d’énergie, de
bonnes mélodies et de textes intéressants (en français, s’il vous
plaît!), sous la plume d’un seul garçon. Formule gagnante en tous
cas, qu’on vous invite à réécouter sur CD, puisque l’animal a
déjà une discographie bien fournie. Son dernier EP : Mille
dieux, paru en juin, contient six titres, et tous sont
bons. On
va dire, sans fioriture, que Thomas assure tranquille la relève
garage rock nationale à lui tout seul, et ça, ça n’est pas rien. (1) Il fera, avec son pote Arthur Parmentier de Cafard Palace, la
première partie des Liminanas au Fil de Saint-Etienne le 6
novembre,
et on est certain que beaucoup vont ne pas regretter. Les roannais
le
reverront eux à la Halle Hybride en sortie de résidence le mardi 7
octobre. Et qui sait, ensuite à l’Eclipse ?
(*) La Base, c'est LE lieu alternatif mettant le fleuve Loire en valeur à Roanne, et surtout celui où la liberté se fait le plus sentir. Concerts, projections, djs, expositions.. le tout dans un cadre champêtre en plein air. L'été seulement. Merci à toute l'équipe de bénévoles pour ces bons moments.
Je ne crois pas que j'ai été introduit au punk par les disques
punk.
Lorsque j'avais 13 ans, en 1982, je fréquentais un copain de
collège qui s'était mis à écouter des disques Oï, terme associé à cette
scène tardive du punk venu d'Angleterre, bien politisée, et dont l'image
très provocatrice, sur les pochettes comme dans les textes des
chansons, dans la lignée des aînés Sex pistols, convenait bien à nos
années de "révolte". Je ne me considérais pas vraiment comme ayant
besoin de me révolter, vivant tranquillement dans une famille aimante,
et devant emménager dans une belle maison quelques mois plus tard, mais
il faut croire que mon copain, si. Je collectionnais donc les photos de
ces punks à crête et blousons cloutés qui faisaient la joie de certains
reportages de Paris Match, entre autres, avais adopté un look (ridicule)
un peu similaire, et acheté quelques vinyles du cru. Les deux premiers
Exploited, et des compilations : Chaos en France et Punk and Disorderly.
J'ai cependant vite revendus ceux-ci, en revenant d'Angleterre un an
plus tard, ayant découvert la New Wave, qui me correspondait davantage à
cette époque mouvante. Plus tard, en 1989, alors que je commençais à
jouer, en tant que membre fondateur et batteur dans un groupe pop avec
un nouveau copain, un peu plus vieux que moi, nous nous retrouvâmes
régulièrement dans une boutique de disques recemment ouverte, qui devint
notre QG durant une dizaine d'années : Sergeant Peppers records.
C'est là que je
fus initié à la musique psychédélique. Claude Planche, le gérant de la
boutique, était en effet spécialisé dans le domaine, ayant monté son
fond avec une partie importante de sa collection personnelle, ayant vécu
ces années de plein fouet. Jefferson airplane, Grateful Dead, et toute
la scène de San Francisco entre autres devint vite ma nouvelle
référence. Or un jour, je reparti avec un double album de Country Joe Mc
Donald and the Fish, comprenant un disque live et un studio (The Life and Times of... Vanguard, 1971). C'est sans doute
là, avec le titre F.U.C.K. I Feel Like I'm Fixin to Die Rag... joué devant 500000 personnes à Woodstock
quelques vingt ans auparavant, que je compris ce qu'était réellement
l'anti conformisme, et d'où pouvait bien venir le punk réchauffé qui
m'avait fait tiqué quelques temps plus tôt.
C'est en
suivant cette piste et en creusant ("diguant" comme on dit à
l'anglaise), que je finis par me spécialiser dans la scène sixties punk,
c'est à dire des groupes provinciaux de tous pays (principalement
américains) ayant réalisé au moins un quarante cinq tours un jour, à
quelques dizaines d'exemplaires. Galettes qui se retrouveraient
compilées, dès 1979, par des amateurs collectionneurs, sur des albums
anthologiques de type "Pebbles" (les "cailloux", ça ne s'invente pas, pour des pistes à suivre !).
Comme quoi, il suffit d'une lettre manquante dans un F.U.C.K, ou d'un
vinyle en moins, pour manquer le train d'une certaine politisation. ...Vive
les disques, et les disquaires !
On a parlé récemment sur les réseaux de la part active qu’à repris la programmation culturelle associative locale à Roanne depuis un an. Il fut en effet un temps pas si lointain (encore en 2023), où l’on devait presque se contenter des Mardis du Grand Marais à Riorges pour espérer voir des groupes dignes d’intérêt, au delà de quelques programmations obscures et amatrices de ci de là, dans des lieux ou fêtes privés. (Concernant tout du moins le Rock).
Depuis 2024 donc, au moins trois lieux se partagent, pour le meilleur, les mélopées et décibels, voire plus si affinité. Ces lieux ont pour noms :
Le Local : club de biker, au Coteau, en bord de Loire, côté gauche après le pont. Programmation les vendredis soirs punk rock, Trash, blues rock et garage. Déconseillé aux âmes ou oreilles sensibles.
La Halle Hybride : juste après le Local. Tiers lieu se cherchant encore un peu, mais très sympathique et cosi, proposant soirées DJ, musiques de tous poils, spectacles d’humour ou théâtre d’impro. Top.
L’Eclipse : bar à côté du cinéma le Grand Palais, sur la grande esplanade, avec une programmation régulière et plutôt axée Blues, Pop Rock garage et punk. Souvent gratuit et chaude ambiance.
Mais au-delà de ces trois lieux « centraux » désormais, restent des festivals ou programmations dans d’autres endroits, par des associations qui ne sont pas nées de la dernière pluie et réservant là aussi bien des surprises. Telles celles de Papillon bleu (au TMR la plupart du temps), de ACMM avec son festival Blues à la salle Fontalon depuis une poignée d’années, et de Canal Jazz, dont on a pu goûter une édition « nouvelle forme » particulièrement alléchante la semaine du 12 avril. Ayant assisté avec grand plaisir à la soirée de clôture ayant eu lieu au Diapason samedi 12, un retour semblait important à écrire.
Le Diapason n’est pas un lieu très connu des roannais. Excentré en haut du faubourg Clermont, il est davantage utilisé par les associations locales socio culturelles et le centre social, pour l’accueil et l’aide aux devoirs en soirée ou l’utilisation d’un mini studio d’enregistrement. Tandis qu’une vingtaine de groupes locaux utilisent les locaux de répétition le jouxtant. Ceci explique peut-être en partie le peu de monde (80 personnes environ) lors de cette soirée mettant deux formations de haute qualité Jazz en lumière : Pierre Tereygeol et Guillaume Latil, ainsi que Le Magic Malik Jazz Association.
Le premier est un guitariste plutôt classique, portant haut sa guitare, et sortant avec une grande dextérité des sonorités cristallines. Il accompagne son jeu d’une voix souvent haute, étonnante, pour un répertoire riche et déroutant, un peu improvisé ce soir-là, car accompagné du violoncelliste Guillaume Latil, avec lequel il ne partage pas spécifiquement de discographie. Un moment d’une grande finesse et d’une grande poésié, envoûtant.
En seconde partie : Magik Malik Jazz Association, ou comment découvrir le répertoire Hard Bop et Free des années soixante, par le biais de ses plus grands compositeurs (Archie Sepp, Wayne Shorter, Gordon Jenkins, John Coltrane, Eric Dolpy…) et avec la classe et le jeu improbablement perché de Magic Malik. Ce flûtiste ayant déjà des dizaines de disques à son actif et une carrière longue de 36 ans, débutée avec le groupe Human Spirit, a démontré son amour du jazz et de la flûte, car en le domaine, peu doivent avoir atteint ce niveau.
Technicité irréprochable, jeu habité époustouflant, (l’artiste s’offre même le luxe de chanter en même temps dans son instrument !), chaleur et passion, et un groupe piano, batterie, basse, trompette, au top. Leur second disque sous ce nom s’appelle « (le baiser salé) Live » et date de 2024. Largement recommandé bien évidemment.
Si l’association Canal Jazz a le mérite d’avoir organisé ce festival « Jazz en avril » avec des têtes d’affiche pour les deux soirées du weekend, en plus de soirées bars dans la semaine, dont une à l’Eclipse avec le trio UVF (François Forestier, Raphaël Vallade, et Yannick Urbani), il est clair que ce genre d’événement et d’affiche reste à défendre, tant le Jazz n’est pas une musique très connue ni bien comprise sous nos latitudes. L’envie et la passion portent néanmoins l’association, qui gagne de nouveaux adhérents, et il est fort à parier qu’avec un réseau de diffusion augmenté en communication et un peu plus de bouche à oreille, elle gagnera en notoriété. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
Toutes photos, sons et vidéos : CC Hectorvadair/Action-time, et les auteurs, compositeurs et interprètes bien évidemment des morceaux.