31 oct. 2024

Seb and the Rhââ dix, 1977

J'ai du découvrir l'existence de cet iconoclaste Lyonnais seulement fin 2022 à l'occasion d'une info d'un concert où il se produisait sur Lyon avec d'autres "punks" du coin que je suivais, genre Horsebites ou quelque chose comme ça. Et j'ai gratté pour en savoir plus, atterrissant sur son Bandcamp et réalisant qu'il y avait déjà du "passif" depuis 2011. Dur...
 
Bref, pour faire rapide, disons que cet album est le troisième de cette formation où Seb officie de toute façon en Self Made Man, accompagné ici tout de même d'une batterie, d'un saxophone à l'occasion d'un morceau tirant légèrement vers le Free Jazz, et surtout les voix d'invités prestigieux.
Seb Radix écrit de bons textes, balance de la bonne guitare cool ou bien électrisée, une bonne basse vrombissante à l'occasion (surtout sur la face A), et lorsqu'il ne tape pas à la machine à écrire en expliquant pourquoi il chante en français à ses auditeurs, il vocalise plutôt bien, sur des textes à l'humour potache non dénué de poésie, faisant parfois référence à un autre trublion (des années cinquante) : Boris Vian. D'ailleurs, c'est peut-être pour cela que dans "Cactus fleuri" (quel titre vianesque), il parle des Andes !? Bref, en nous cueillant dès l'ouverture de l'album (et du lp en l'occurrence, à la production nickelle, chaude et pêchue, oeuvre de Bruno Germain, studio de St Maximin (38)), avec un bon morceau Punk Pop, chanté par Andy Kerr, (No Means No), il gagne le combat, enchaînant avec une petite pop song rapide et pleine de fraîcheur : la mémoire sélective", en français. Les trois autres morceaux finissent de nous emballer, interlude sonores et instrumentaux compris. Oui, les textes et la poésie de Seb rappellent Boris Vian, et de manière plus contemporaine : le montbrisonnais Michael Furnon ("Voyage"). Ashtray ramène du Punk façon Père Ubu ou Wedding Present, avec ce tempo et ce son bien gonzo, et cette voix de Mike Watt pouvant un peu rappeler celle de David Gedge.
La face B débute (après la machine à écrire) sur un bon Indie 90's : People, façon, là encore, Wedding Present, chanté par John No, tube qu'on se repassera encore et encore. Guitare électro acoustique, sifflet, et déclaration poétique bucolique suivent et enchainent avec un "M&M s & MST bien Métal urbain meets Marie et les garçons avant que la seconde face ne se termine par trois titres en français, parfois saturés d'électricité, et une petite blagounette sonore en Lock Groove.

Que dire, si ce n'est que
1977 est le genre de disque qu'il faut avoir dans sa discothèque Rock !? C'est bon et intelligent, et en plus, tout y est soigné, pochette intérieure et extérieure comprises.
Rien à jeter !
 
 
Seb and the Rhââ dix : 1977 (Musique rasoire 2023)

5 mai 2024

What's Up s'envole à Mably !

Hier au soir avait lieu un évènement à la salle Pierre Hénon de Mably, ex "boulodrome des Arct", qui a déjà vu passer un certain nombre de concerts rock et Reggae depuis le début des années 80. Événement parce qu'il s'agissait de la soirée gratuite "d'inauguration " d'une nouvelle structure de production roannaise : WhatsUp. Créée par Vincent Papon Libéral, je ne reviendrai pas dessus, car le Pays roannais lui a consacré le 02 mai un article. Si on applaudira des deux mains cette initiative associative, permettant de faire bouger les lignes roannaise Rock, dont on connait le besoin criant, je m'attarderai plutôt sur le déroulé de la soirée, en délivrant ici le plus humblement possible mon ressenti en tant que spectateur.


Arrivé vers 20h30, je n'ai pu qu'entendre les dernières (belles) notes de Lucy, chanteuse compositrice guitariste, gagnante en 2023 du tremplin Roanne jeunes talents, catégorie chant 16-25 ans, qui ouvrait la soirée, à 20h donc. Son set acoustique s'est conclu par un texte revendicatif sur la condition féminine, qui a donné le ton de la soirée : engagée ! 

David "blues" Thomas, dans sa formule solo bien rodée depuis une dizaine d'années maintenant, sous l'appellation Juke Joint Man, a délivré un set acoustique blues des plus réussi. Seul au chant, à l'harmonica, à la guitare et aux pédales (caisse en bois et tambourin) il revisite le Blues Folk du Delta, avec un répertoire de spécialiste assez rare, et très bien interprété à la guitare Dobro (ou pas d'ailleurs) et au Bottleneck. L'occasion aussi de versions géniales de classiques tels Voodoo Child, ou Highway To Hell, en acoustique, si "Roots" qu'on en frémit de plaisir. 


A suivi le trio ICE Room, que je ne me souvenais pas avoir encore vu en live. Si le groupe, décrit comme "Punk Grunge" a apparemment débuté en 2014, et bien qu'ils aient bénéficié du dispositif Zikonord local en 2016, leur formule semble avoir vraiment percuté le public roannais depuis 2022 et la parution de leur premier ep (ci à droite). J'ai apprécié le son de guitare de Jérémy, le chanteur, et ses mélodies puissantes, mais ai été dérangé par un son plutôt mal réglé à mon goût de la batterie, et un manque de fluidité, tout comme un chant en français assez peu compréhensible. Légère déception. Il m'a semblé aussi qu'un deuxième guitariste apporterait sans doute beaucoup à la formation. Sans doute leur deuxcième Ep à paraitre le 17 mai fera mentir cette appréciation d'un soir.

21 grammes de Saint-Etienne a ensuite enflammé la salle, avec un punk rock très mélodieux chanté en français, cette fois avec un son très bien réglé, et deux guitares tonitruantes. La petite ressemblance entre le chanteur et Manu Chao n'était pas pour me déplaire, vu l'engagement alternatif et festif de ce dernier. Mention spéciale au batteur et au bassiste, très bons aussi. Un groupe carré, ne se prenant néanmoins pas la tête. Les stéphanois on fait carton plein sans jouer à domicile.

   

Ketane était la tête d'affiche de la soirée (et partie intégrante à l'origine de l'association) et pour ne les avoir encore jamais vu (oui, je sais...) malgré leurs plus de dix ans de carrière au compteur, j'ai assez vite compris mon erreur.
"Chanter l'amour la joie la liberté", tel qu'écrit dans le flyer et l'article de la soirée m'évoquait d'avantage un feu de camp de colonie qu'un concert Rock, mais je dois avouer que Kevin, le chanteur, petit bonhomme hirsute barbu, dégage avec sa guitare et sa voix presqu'enfantine un tel mix de naïveté et d'assurance à la fois que cela en est déstabilisant et...charmant, pour ne pas dire bluffant. Textes engagés hyper positifs, reprises de classiques folk variétés français inattendus "Sur la colline" de Joe Dassin, la chanson de Mandrin (sauf erreur)...un style se référant implicitement à des groupes tels Kyo ou Matmatah. Le tout boosté par un son puissant mais bien réglé laissant entendre les textes. On aurait aimé néanmoins une guitare solo un peu plus présente dans les enceintes. Une set agréable et maîtrisé.

 

 

 

La soirée se clôturait avec des mix assurés par le trio CtKC.
Une première plutôt réussie, avec une salle en version debout quasi comble au plus fort de la soirée. Espérons que cela augure de beaux lendemains pour la scène roannaise, décidément en verve lorsqu'on lui en donne les moyens. 

 

Contact WhatsUp Booking :

Kevin at whatsupbooking.com 

Production : vincent@whatsupbooking.com 

Toutes photos : © Rockaroanne/Action-time

26 avr. 2024

Ich Libido : "on va pas y passer la nuit ! "

C'étaient les années quatre-vingt.

C'était le Rock francais, alternatif, certes, mais pas que. Les lecteurs de fanzines de type Nineteen, Going Loco ou Tant qu'il y aura du rock découvraient plein de combos sympas à l'époque, et les labels nous proposaient aussi de bien belles gallettes, qu'il fallait commander sur les listes VPC (vente par correspondance) ou récupérer chez son disquaire préféré. (Il y en avait plein). Il y a avait même des chaines TV pour faire jouer ces groupes. (Bon, ok, quand on y pense, certaines comme CultureBox assume encore un peu ce genre de médiation de nos jours.)

On était en 1985, et ce groupe stéphanois produisait son premier et unique album, après un 45 tours. Un bon mix de chanson francaise rock avec un zest de Rocakabilly dans les guitares. 

Je me souvenais bien de la pochette, et aussi beaucoup de leur single "Dans ma Ford intérieur" (beau jeu de mot), passé et repassé sur la très bonne compilation double du label Reflexes qui les avait produit alors (où l'on trouvait entre autre les Désaxés). Cela dit, le titre phare de ce lp est surtout, pour moi "Déjà deux heures du soir", même si toute le mini album vaut le coup.

L'anecdote de cette numérisation tient à peu de chose (il y avait longtemps que je ne m'étais fendu d'aucun post de ce type sur le blog) : un lecteur sympa vient me trouver à la médiathèque où je travaille, car on a proposé, mes collègues et moi, quelques années en arrière, un atelier "numérisation de vinyle", qui n'est cela dit plus d'actualité. S'engage une discussion sur le pourquoi du comment"... et de parler alors des Ich Libido, et des Endimanchés. Ni une ni deux : je regarde vite fait sur la web ce qui est disponible : rien ; ou pas grand chose (trois titres postés sur Youtube il y a cinq ans.)
"Bon, allez, on va s'y coller" ;-)

ICH LIBIDO, c’est un peu le groupe phare de Saint-Étienne. Ils existent depuis un peu plus d’un an, ils ont, entre autres, joué aux Nuits Bleues en octobre 82. Formation classique : basse / batterie / guitare / saxo et bientôt un deuxième saxo. Ils tournent pas mal et surtout, ils ont un moral d’acier, ce qui a l’air d’être vital dans cette ville. Ils sont en train de préparer une vidéo et envisagent plus que sérieusement l’autoproduction, c’est du rock’n’roll (mais pas du rockabilly). Un rock évolué 80’s avec beaucoup d’énergie, des textes humoristiques et deux supers morceaux : “La fiancée du Pirate” et “Ford intérieure”.
A voir absolument sur scène.
ICH LIBIDO, c’est un peu le groupe phare de Saint-Étienne. Ils existent depuis un peu plus d’un an, ils ont, entre autres, joué aux Nuits Bleues en octobre 82. Formation classique : basse / batterie / guitare / saxo et bientôt un deuxième saxo. Ils tournent pas mal et surtout, ils ont un moral d’acier, ce qui a l’air d’être vital dans cette ville. Ils sont en train de préparer une vidéo et envisagent plus que sérieusement l’autoproduction, c’est du rock’n’roll (mais pas du rockabilly). Un rock évolué 80’s avec beaucoup d’énergie, des textes humoristiques et deux supers morceaux : “La fiancée du Pirate” et “Ford intérieure”.
A voir absolument sur scène.

"ICH LIBIDO, c’est un peu le groupe phare de Saint-Étienne. Ils existent depuis un peu plus d’un an, ils ont, entre autres, joué aux Nuits Bleues en octobre 82. Formation classique : basse / batterie / guitare / saxo et bientôt un deuxième saxo. Ils tournent pas mal et surtout, ils ont un moral d’acier, ce qui a l’air d’être vital dans cette ville. Ils sont en train de préparer une vidéo et envisagent plus que sérieusement l’autoproduction, c’est du rock’n’roll (mais pas du rockabilly). Un rock évolué 80’s avec beaucoup d’énergie, des textes humoristiques et deux supers morceaux : “La fiancée du Pirate” et “Ford intérieure”.
A voir absolument sur scène
."
Texte issu de la revue Rock et BD (1983), et retranscrite sur l'excellent site de la radio rock SWK. (Merci à eux, car je n'ai pas été voir si j'avais ce numéro de la revue).
https://radio-swk-archives.net/saint-etienne-dans-rock-bd-1983/


4 mars 2024

Thesaurus vol 7 : Punk Rock français 1978-1986 : de la balle !

 Une compilation double album indispensable pour tout amateur de punk rock français des années quatre-vingt. 

Déjà sept volumes pour cette anthologie rock présentant des titres soit rares soit complètement inédits de la scène francaise, des années soixante aux années 80. Claude Picard réalise un travail génial et professionnel avec cette collection, et on ne le remerciera jamais assez de proposer à nos oreilles de pareilles pépites. Il y a eu entre autre Tim Warren pour les Sixties punk et le revival garage US et européen dans les années 80, la France a son label d’exhumation par le biais de Caméléon dans les années deux mille.

Vu le titre, on pouvait s’attendre (à tort) à du son bien défonce et des guitares pas toujours justes, si l’on se réfère au fait que pas mal de ces enregistrements n’ont souvent pas dépassé le stade de la cassette démo ou de répétition. Cependant, la surprise est grande à l’écoute de ces quatre faces, enveloppées dans une pochette simple (non Gatefold) de toute beauté, dessinée par l’incroyable Mezzo (auteur entre autre des superbes albums de bande dessinée : Le Roi des mouches/Love in Vain/Kiss the Sky).
Si la face A s’ouvre avec des titres agréables mais sans trop de surprises par rapport à l’époque et sur des villes du nord ou du centre (on verra que la localisation révèle une certaine importance, le sud ayant un attrait marqué pour les sons un peu plus influencés sixties) on remarquera pour les lecteurs "locaux" de ce blog la présence du groupe roannais Stuka (clin d'oeil), dont le titre "Fuck the School" ne démérite pas ici. De fait,  les choses commencent à changer avec le titre A8 : Skins Stink (les skin puent), par les New Gentlemen, de Caen. Un titre laissant à supposer que le style va quelque peu changer au fil des faces.
En effet, dés le B1 , les Berettas de Lyon, avec leur Campagne de France font davantage tendre l’oreille. Ce titre engagé de 1982 ferait penser en légère avance à ce que la scène alternative a pu ensuite développer. Les Chaos de Clermont Ferrand avec leur Centre Jaude (célèbre centre commercial situé sur la place du centre ville du même nom) est aussi un titre rock bien dans l’esprit de ce que l’on a eu l’habitude d’écouter lorsque l’on lisait le fanzine Nineteen. Flash Gordon de Strasbourg, délivre un « I Wanna be Free live, qui, s’il n’a rien à voir avec le titre des Vip’s résonne plutôt bien. Défense d’afficher de Nice, de 1985, avec « Terminus », là encore, n’aurait pas dénoté sur une compilation de l’époque et de l’écurie Closer ou New Rose/ Nineteen. Les Shames de Toulouse envoient du très lourd avec un son bien plus Rhythm’n’blues "à la  française" des eighties, avec Shameless Girl et Two Worlds in One. Must have !


Le deuxième disque s’ouvre efficacement avec les Mosquitos et un volume/ une production encore plus efficaces. Leurs deux titres évoquent Asphalt Jungle ou les Coronados… Excellent.

Les Marlons de Paris, avec une voix féminine (au moins dans les chœurs), est super efficace et pourra rappeler les regrettées Lolitas. Mokos, de Nice, envoie du bois en un peu plus garage punk, voire fifties style dans la guitare solo, façon Dick Dale. Great. Single Track, de Brive, nous défoncent grave sur leurs deux titres Lassitude et Laissez mourir les vieux. Même s’ils ont pressé un album sur le label GMG (mal produit), c’est dingue que ce genre de morceaux (datés 1981) ne soit pas sorti à l’époque ! Du niveau du meilleur de ce qui est déjà le meilleur en single collectionné en France. Classé X, de Toulouse avec Plastic Doll  (1984) le fait bien avec un gros son et des paroles en anglais. Mome Rath est davantage néo punk, façon Wire, voire Suicide. St Just et les sauvages de Troyes sonnent un peu Metal urbain avec leur Planqué sous la pluie de 1983. Cool. Tandis qu’Insecticide d’Amiens, déchirent avec leur « Baba » de 1978. Un titre garage punk excellent, qui pourra rappeler les sixties Somethings avec leur Monde infernal. Les trois derniers titres de Décharge (Beauvais, 1978), Le Chaps (un délire sorti sur un flexi en 1978) et Alain -ex Gazoline- Khan (inédit d’une session studio solo de 1986), ne sont pas les titres qui m’ont le plus interpellés, même si ces rares enregistrements de groupes bien connus des amateurs férus (au moins pour les deux derniers), auraient tout aussi bien pu se trouver sur une compilation de Type Wiiiz.

Si l’on peut « laisser mourir les vieux », gageons qu’avec ce genre de travail d’exhumation passionné et passionnant, ces derniers ont désormais acquis le pouvoir d’une certaine immortalité.


FG

 

On retrouvera avec grand intérêt l’histoire, plus ou moins longue et documentée, de chacun de ces groupes sur le site web de Caméléon Records.


Thesaurus vol 7 : Punk Rock français 1978-1986
Dblp 30 titres inédits (28€ plus port).
Camelon Records 105, février 2024

A commander sur le site web, ou chez votre meilleur disquaire spécialisé.

15 janv. 2024

The Rabeats : un dernier pour la route ! (A Scarabée Tale, Riorges)

Dimanche les Rabeats jouaient au Scarabée à Riorges (quel clin d’œil), dans le cadre de leur tournée d'adieu, après vingt ans de bons et loyaux concerts, "au service de sa majesté" serait-on tenté de dire, alors que dans l'absolu, c'est plutôt en hommage aux Beatles bien sûr.
Les fans du groupe (il y en a ! Je réalise moi-même que, sans m'en rendre compte, je les ai vu trois fois, dont une à Toreilles (66), il y a environ douze ans, et une à Roanne déjà, en...1999 ?, à l'Espace Renoir !). Et oui, avant que la grande salle ne reprenne du service de grand écran. Qui s'en souvient !? ...A moins que ça n'ait été un autre Tribute Band Beatles ? Ils avaient leurs uniformes de Sergeant Peppers je me rappelle.

Ce soir, le concert débute à l'heure, avec une scène étriquée, un décor de Cavern club et une toute petite batterie (un jouet presque) et aucun instrument sur scène. On se doute de quelque chose...
Les quatre membres du groupe démarrent avec I Saw Her standing There, un de leurs premiers succès bien Rythm'n'Blues, et le batteur tape debout sur son petit instrument, tandis que les guitaristes semblent ne pas avoir d'amplificateurs. Encore un autre morceau du même tonneau et de leur débuts, puis ils se...retirent, les lumière s'éteignant. Sentiment d'étonnement et de frustration général, d'autant plus que le son était un peu chiche, mais... C'était bien sûr une "Mise en bouche". Les lumières se rallument le "faux fond décor" se soulève, et là, une scène plus profonde apparaît, avec un grand rideau plissé en fond, et surtout, les amplis bien présents ainsi qu'une estrade rehaussée avec un kit de batterie complet. Et nos quatre garçons en costume noir et boots déroulent I Want to Hold Your Hand, avec gros son.
 


Suivront : Can't Buy me love, She loves You, Help, Please please me, Michelle...une sorte de top de la première période. Et on est heureux. Le groupe communique pas mal et demande souvent au public de se lever et de chanter et celui-ci répond présent. Un entracte de vingt minutes et proposé puis revenant avec des costumes gris, ceux-ci vont présenter des morceaux plus lourds, mix entre la période de fin et la psychédélique. A Day in tbe Life (quel pied !) Il faut rappeler que ce genre de morceau composé pour l'album Sergent Peppers n'a jamais été interprété en concert par le groupe original !!
Back in the Ussr, Octopus Garden, Let it Be, Day Tripper, Hey Jude s'enchainent...Et le public d'être enchanté et d'être pris à parti sur ce dernier pour une version de plus de dix minutes, co chantée en chœur.


Puis le groupe se retire à nouveau, sous les claps rythmés de mains de la salle, tandis qu'un film d'animation original, mettant nos compères en scène dans des décors sixties façon Flying Circus et sur une musique bien psyché avec Cythare passent en fond de scène, jusqu'à reproduire leur arrivée sur le toit des studios Apple, où ils s'installent pour de vrai et débutent la  playlist jouée lors du dernier concert du groupe de Liverpool. One After 909, Dont Let me Down, Get Back, Helter Skekter, Twist and Shout... Enfin, le temps des adieux se fait sentir, et là, le premier rappel percute comme un fouet, puisque c'est un cadeau qui nous offert avec l'interprétation live du dernier single posthume des Beatles paru cette année 2023 : Now and Then : ballade émouvante écrite par John Lennon à l'époque et produite en studio grâce à la magie de la technologie  et de Paul et Ringo. Le show se terminera, si mes souvenirs sont bons, avec une version d'All You need Is Love qui va aussi durer plus de dix minutes, le batteur descendant avec une grosse caisse en bandoulière et exhortant le public à chanter. Les paroles se terminant par les "She Loves You yeah yeah yeah" de rigueur...
Le groupe salue, et se retire définitivement, sous les applaudissements d'un public roannais semble t-il ravit.
Niveau critique, car il y en a : je trouve le début un peu casse gueule, bien que téméraire, et qui aurait nécessité un peu plus d'engagement Rock'n'roll de la part du groupe. Et le son ensuite, de manière générale : un peu étouffé, avec une guitare solo qui aurait mérité, surtout sur la première partie, davantage de présence. D'ailleurs de manière générale, si le batteur n'était pas là pour "faire le show", tout cela manquerait singulierement d'entrain. On note quelques petites faussetés dans le chant parfois, voire certains accords de guitare, (Michelle, entre autre), mais sinon, franchement, le job a été fait. Vingt ans de carrière et... l'heure d'une retraite bien méritée !
Bonne fin de tournée les Rabeats, et merci !


25 nov. 2023

Chroniques allumées de Jean-Louis Wiart : lorque les marges éclairent la lanterne.

Un éditeur indépendant : Les Soleils bleus éditions, créé en 2008, me fait la gentillesse de m'envoyer trois de ses dernières parutions. Deux de Pierre de Choqueuse et un de Jean-Louis Wiart, illustré par Jeanne Puchol. Où littérature rime avec musicalité et Jazz. On revient dans une autre article sur ceux de Pierre de Choqueuse, très intéressants aussi.

Chroniques Allumées

Alerté il y a quelques semaines par un post sur Facebook de Jeanne Puchol : dessinatrice de bande dessinée bien connue des lecteurs de A suivre, ou des éditions Futuropolis ou PLG, mais aussi illustratrice pour la presse, je me suis enquis du livre dont elle annonçait la paution, où ses dessins accompagnaient les chroniques de Jean-Louis Wiart - créateur du label AxolItl Jazz en 1993 - parues à l'origine entre 2000 et 2018 dans le journal les Allumés du Jazz. Il se trouve que, comme médiathécaire depuis 1997, j'ai vécu comme lecteur les début de ce journal atypique, imaginé en 1999 par une bande de Pieds nickelés s'étant réunis en collectif de labels indépendants au Midem de Cannes en 1995. Un journal distribué gratuitement, auquel je me suis vite abonné à titre personnel, jusqu'à mon déménagement en 2020. Un ton décalé, politique, de belles photos noir et blanc, des archives, et des dessins, dont ceux de Jeanne Puchol entre autre. Et puis en 2000, les chroniques de Jean-Louis Wiart auxquels seront systématiquement associés les dessins de Jeanne.

Ôtons tout de suite un doute à celles et ceux lisant ce papier : il ne s'agit pas de chroniques de disques ; une rubrique spécifique s'en occupait au cœur du journal. Non, ces chroniques parlent de littérature, de cinéma, (oh combien ! citant au mois deux fois Bogart, entre autres), et de l'économie du disque, évoquant avec clairvoyance et beaucoup de finesse, humour et ton légèrement acide, mais avec beaucoup de références, les changements apportés à l'industrie musicale Jazz indépendante, en France, mais aussi au niveau mondial. Si j'ai presque toute la collection des Allumés du Jazz, je l'avoue, je n'a sans doute pas lu toutes les chroniques de Jean-Louis Wiart (pour faire référence à la sienne, intitulée "Collector"), et même si cela faisait partie des choses les plus sympathiques et emblématiques de ce journal vraiment charmant.
Né dans la dynamique de la création de ce collectif grâce à une aide du ministère des Beaux arts pour la création indépendante Jazz à l'époque, ce canard a su rester indépendant, de fait, et garder un ton bien à lui, très original et surtout très rare, que l'on retrouve intact ici. Une sorte de fanzine en vérité, mais qui ne disait pas son nom. Je me surprends finalement à lire Chroniques allumées davantage pour ses textes exquis - vous rendant tellement intelligent sur toute cette période des années 2000 où les plus de quarante ans auront vu disparaitre une époque et arriver Internet et ses avatars : Streaming et diabolisation des petits labels - que pour les dessins de Jeanne Puchol, très sympas au demeurant. Et cela n'est pas la moindre des surprises que vous ressentirez si vous faites l'effort d'acheter ou de vous faire offrir ce petit bouquin d'une poésie instructive folle de 185 pages, rassemblant une sélection bienvenue de trente chroniques éclairantes d'un Allumé. Celles-ci vous guideront sur les marges*, et vous donneront tellement envie d'aller fréquenter les chemins de traverse.

FG



Chroniques allumées par Jean-Louis Wiart.
Éditions les Soleils bleus. (13 €) - ISBN : 9782918148463

 https://soleilsbleuseditions.box.boutique

(*) Pour reprendre aussi à mon compte un bout de citation de Jean-Louis Godart, lors de la cérémonie des césars du cinéma français, le 07 mars 1987.