SHADES
Le meurtre de Venus (Tricatel 2008)
Il n'y a pas un an qu'est sorti cet album d'un des nombreux groupes associé à la scène rock parisienne (Plasticines, No Sex, Naast, BBrunes, Hushpuppies...), scène qui a fait pas mal couler d'encre. Et déjà, on l'écoute et le réécoute comme un classique.
Certains teenagers comme les BBbrune ayant fait les unes de revues spécialisées semblent correspondre d'avantage au profil type attendu par le public "cible" adolescent, mais ne nous trompons pas : la pertinence artistique ne se cache pas dans l'apparence ou l'évidence d'un clip, aussi bien fait soit-il, ou dans quelque gimmick. (Même si j'aime bien les BB).
En ce qui concerne les Shades, dont les cinq membres sont à peine agés de dix huit ans, pas de grosses couvertures presse, pas d'omniprésence en festivals, mais un album Tricatel qui se pose là, comme une pierre jetée dans la mare rock bouillonnante hexagonale.
On avait les Hushhpuppies, dans un registre comparable, quoi qu'un peu plus mature, et un premier album dores et déjà "classique". On pourra ranger ce premier essai des Shades tout à côté.
De quoi parle t'on ? D'un album rock, évidemment, de culture plutôt mod (influences 60's ou 80's branchées qui transpirent.) On pourra citer les Boots 60's parisiens ("Venus"), Taxi Girl ("Judie"), mais aussi d'autres références moins évidentes au premier abord, comme l'Alice Cooper période "School's out" , sur "Machination", avec ses coupures similaires, ou sur "Le prix à payer" avec ses longues plages d'ambiance. Quant au look, Beatles boots et pantalon blanc, c'est la "Blank generation "chanté par Richard Hell évidemment.
Ecouter "Electrique".
Les "tubes" de l'album (mis à part "électrique", brulôt rock) seront pour moi "Orage mécanique" imparable par son rythme syncopé et son texte très poétique, ainsi que "Les yeux fermés" pour son espoir, son allant, ses choeurs angéliques, son texte original.
La voix du chanteur, (Benjamin Kerber), charmante, (dans le bon sens du terme) fait évidemment beaucoup pour l'originalité de ce premier opus. Ses éclats poussés ("Le prix à payer") déchirent la trame des chansons, nous rappelant au passage qu'il s'agit d'un jeune homme et que bientôt peut-être cette énergie ne pourra plus être crier de la même manière (..)
Les textes de Benjamin se prètent cependant à une écoute atttentive, dévoilant une pure poésie onirique, néanmoins très ancrée dans le quotidien, les sujets y sont d'ailleurs toujours puisés : amour, espoir, gloire (lumière), rédemption, suicide, mort, fuite.) Chaque mot est efficacement placé et soutenu par la musique.
Souvent on est rappelé à l'écoute par la jeunesse du groupe via certaines sonorités de guitare, typiques de ce genre de scène, mais tout s'estompe lorsqu'arrivent le clavier et surtout le chant. La production (supervisée par Bertrand Burgalat , mais surtout dévoluee à Hadrien Grange, batteur du combo psyche pop Dorian Pimpernel) est appropriée et efficace, faisant de l'ensemble un allbum homogène et donc très jouissif.
"Au crépuscule", chanson pop apaisante de fin d'album rappellera certains thèmes 70's de BO françaises, une des marques de fabrique de mister Burgalat himself, grand fan.
Les Shades ont réussi avec le "Meurte de Venus" le crime parfait.
Souhaitons qu'ils ne se fassent pas rattraper par la justice impitoyable du monde du disque avant le prochain.
ps du 13/08/08 : A noter que les deux 45 t vinyle (de 2006) édités par Tricatel (cf pochettes plus haut) offrent des versions complètement différentes pour les titres présents aussi sur le CD. Ces précédentes versions sonnent beaucoup plus "démo", et offrent en tout cas l'occasion d'avoir de l'inédit en plus d'être emballées dans de belles pochettes !
A lire/voir :
Le site officiel des Shades
ainsi que leur page Myspace, avec des vidéos très sympas, dont celle d'une verison acoustique de "Orage mécanique", excellente.
La boutique du label Tricatel
L'Interview du "Mag" datée du 21 08 2006.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire