
Depuis 2024 donc, au moins trois lieux se partagent, pour le meilleur, les mélopées et décibels, voire plus si affinité. Ces lieux ont pour noms :
Le Local : club de biker, au Coteau, en bord de Loire, côté gauche après le pont. Programmation les vendredis soirs punk rock, Trash, blues rock et garage. Déconseillé aux âmes ou oreilles sensibles. La Halle Hybride : juste après le Local. Tiers lieu se cherchant encore un peu, mais très sympathique et cosi, proposant soirées DJ, musiques de tous poils, spectacles d’humour ou théâtre d’impro. Top. L’Eclipse : bar à côté du cinéma le Grand Palais, sur la grande esplanade, avec une programmation régulière et plutôt axée Blues, Pop Rock garage et punk. Souvent gratuit et chaude ambiance. Mais au-delà de ces trois lieux « centraux » désormais, restent des festivals ou programmations dans d’autres endroits, par des associations qui ne sont pas nées de la dernière pluie et réservant là aussi bien des surprises. Telles celles de Papillon bleu (au TMR la plupart du temps), de ACMM avec son festival Blues à la salle Fontalon depuis une poignée d’années, et de Canal Jazz, dont on a pu goûter une édition « nouvelle forme » particulièrement alléchante la semaine du 12 avril. Ayant assisté avec grand plaisir à la soirée de clôture ayant eu lieu au Diapason samedi 12, un retour semblait important à écrire.
Le Diapason n’est pas un lieu très connu des roannais. Excentré en haut du faubourg Clermont, il est davantage utilisé par les associations locales socio culturelles et le centre social, pour l’accueil et l’aide aux devoirs en soirée ou l’utilisation d’un mini studio d’enregistrement. Tandis qu’une vingtaine de groupes locaux utilisent les locaux de répétition le jouxtant. Ceci explique peut-être en partie le peu de monde (80 personnes environ) lors de cette soirée mettant deux formations de haute qualité Jazz en lumière : Pierre Tereygeol et Guillaume Latil, ainsi que Le Magic Malik Jazz Association.
Le premier est un guitariste plutôt classique, portant haut sa guitare, et sortant avec une grande dextérité des sonorités cristallines. Il accompagne son jeu d’une voix souvent haute, étonnante, pour un répertoire riche et déroutant, un peu improvisé ce soir-là, car accompagné du violoncelliste Guillaume Latil, avec lequel il ne partage pas spécifiquement de discographie. Un moment d’une grande finesse et d’une grande poésié, envoûtant.
En seconde partie : Magik Malik Jazz Association, ou comment découvrir le répertoire Hard Bop et Free des années soixante, par le biais de ses plus grands compositeurs (Archie Sepp, Wayne Shorter, Gordon Jenkins, John Coltrane, Eric Dolpy…) et avec la classe et le jeu improbablement perché de Magic Malik. Ce flûtiste ayant déjà des dizaines de disques à son actif et une carrière longue de 36 ans, débutée avec le groupe Human Spirit, a démontré son amour du jazz et de la flûte, car en le domaine, peu doivent avoir atteint ce niveau.


Technicité irréprochable, jeu habité époustouflant, (l’artiste s’offre même le luxe de chanter en même temps dans son instrument !), chaleur et passion, et un groupe piano, batterie, basse, trompette, au top. Leur second disque sous ce nom s’appelle « (le baiser salé) Live » et date de 2024. Largement recommandé bien évidemment.
Si l’association Canal Jazz a le mérite d’avoir organisé ce festival « Jazz en avril » avec des têtes d’affiche pour les deux soirées du weekend, en plus de soirées bars dans la semaine, dont une à l’Eclipse avec le trio UVF (François Forestier, Raphaël Vallade, et Yannick Urbani), il est clair que ce genre d’événement et d’affiche reste à défendre, tant le Jazz n’est pas une musique très connue ni bien comprise sous nos latitudes. L’envie et la passion portent néanmoins l’association, qui gagne de nouveaux adhérents, et il est fort à parier qu’avec un réseau de diffusion augmenté en communication et un peu plus de bouche à oreille, elle gagnera en notoriété. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
Toutes photos, sons et vidéos : CC Hectorvadair/Action-time, et les auteurs, compositeurs et interprètes bien évidemment des morceaux.
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