7 mars 2016

A Love affair is a freakbeat gem !

 Je dois le confesser : je ne connaissais pas les Love affair avant la semaine dernière.

Tombé par hasard sur quelques 45 tours d'occasion posés pèle mêle chez un revendeur de matériel hifi et de platines vinyle, la pochette bleue du simple "A day without love" m'a interpellé. Mais... elle aurait très bien pu être l’œuvre d'un quelconque combo américain de variété pop un peu psyché, comme l'industrie du disque nous en a tant livrée : un peu de mélodie, et pas beaucoup de tension ou de rythme.
C'est fou comme la vie réserve des surprises. Un nom vous échappe, et vous risquez de passer à côté DU single que vous cherchez. 
Les années soixante pop, beat, freakbeat et psychées, sur la plupart des grands ou moyens labels me sont pourtant connues, mais là...j'ai hésité, préférant prendre lors de ma première visite un 45 d'un groupe encore moins connu : les New inspirations (belges) à cause d'une pochette plus parlante pour moi*, et...de ce côté intriguant.


Erreur...car The (ou Les) Love affair, est un groupe pop/freakbeat de Londres ayant œuvré de 1967 à 1970 qui a produit quelques disques d'une très grande qualité. Et ces deux singles, de 1968 et 69,  les quatrième et cinquième sur neuf, sont sans doute, après écoute du reste de la discographie de base, deux des meilleurs.


 

A day without love est une superbe pop song un peu baroque dans sa grandiloquence maîtrisée, dont le départ au chant ferait penser quelques quart de seconde au super Steve Mariott, avant que celle-ci ne prenne son propre envol, soutenue par les violons virevoltants. La mélodie et le texte parfaits de cette chanson d'amour emportent tout sur leur passage, faisant de ce titre un must de la pop classe A sixties.
I'm happy, la face B, est une composition tout aussi intéressante, quoi qu’un peu moins immédiate. C'est un titre qui joue sur deux rythmes et des coupures.  Intro énigmatique avec un petit son de guitare durant les 26 premières secondes, puis départ énervé et sacadé à la caisse claire, et un chant énergique mais mélodieux dont le timbre rappelle beaucoup Rod Stewart. Puis coupure tranquille, relance, coupure…et solo légèrement fuzzé sur un beat syncopé à la batterie. Relance par la caisse claire en roulement saccadé dynamique...etc, jusqu'à la fin en larsen se confondant avec un gémissements en fading du chanteur… »I’mmmmmmym haapyyyyyy".  Un très bon titre freakbeat.

One road est une ballade mélancolique assez classique, avec violons, telle que de nombreux combos sixties de cette époque en ont produit. Le début à la guitare acoustique pourrait être du Tim Hardin. On remarquera ici un texte sympathique, et une voix au charme certain. (1)
Let me know surfe sur la rythmique nerveuse du "Leavin here" bien connu en introduction, en y ajoutant ensuite un texte chanté énergiquement, façon question réponse avec la guitare, typique de ce que le style freakbeat a pu produire de mieux. Bonne basse bien roulante, et solo a peine fuzzé mais efficace. Du Fleur de lys !
Autant dire une killer B side qui justifie à elle seule l'attrait de ce single.

Deux winner !
Il est d'autant plus étrange de constater qu'ils ne sont listés que sur très peu de compilations dignes de ce nom , (oubliés sur le coffret Nuggets II par exemple), mais sans doute leur bad reputation (justifiée ?) de groupe ne jouant pas sur ses disques en est la cause...Moi je m'en fout et vous conseille vivement leur écoute. 



(1) Steve Ellis, le chanteur, a effectivement une voix en or, et, bel hasard de prénom qui le rapproche de Steve Marriot (Small Faces) et de Steve Winwood (Spencer Davis group), il est en tous cas considéré comme l'une des plus belles voix de cette époque pop. Il a quitté le groupe en 1969, pour créer Ellis, puis Widowmaker, avant de s'engager dans une carrière solo, avec de très nombreuses collaborations. Son dernier album de compositions en date  : "Ten commitments" (2011) est très réussi.
"Cette pochette m'a tuer" ;-)

(*) Concernant  le single des New inspirations : "All my life" est une ballade sentimentale et mélancolique avec violons qui peut effrayer au premier abord, mais dont la voix du chanteur, au timbre envoutant, apporte le supplément salvateur. Une sorte de mix Improbable entre Moody blues et Les Tremoloes ?
'Happy Charly madman" est un beat plus enlevé au ton un peu clownesque, avec un gimmick d'intro aux notes aigus de guitare pincées sympa. Puis la chanson monte en crescendo avant de dérouler son refrain entrainant, avec chœurs, dans un style Turtles. Un nouveau décrescendo ralenti le rythme, avant de repartir avec le gimmick et le refrain ad lib. Rafraichissant.
Verdict : Ce groupe possède sa propre originalité et mérite d'être écouté.


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