Chronique du lp compilation paru ce 17 décembre 2022 chez Caméléon Records :
Les Bowlers, de Paris, font partie de ces groupes sixties français ayant non seulement eu le privilège de publier des disques à l'époque : deux Eps chez Barclay, excusez du peu, mais cela n'est pas le fruit du hasard. Ils possédaient un talent remarquable, qui les place parmi les tous meilleurs du genre beat garage, aux côtes des Boots, Pollux, Gypsies, Somethings, Five gentlemen, Lionceaux, Sunlights...
Le talent d'écriture de Roland Seroussi, proposant des textes à la fois sympathiques et bien vus, sur le regret, l'amitié, l'amour contrarié ou la dureté de la vie, est supporté par un travail vocal en harmonie dans l'esprit des quatre de Liverpool, tandis que l'ensemble du groupe délivre un accompagnement enlevé (souvent avec fuzz), très bien joué, et produit, qui n'a rien à envier à certains groupes Anglo saxons de l'époque. On pensera par exemple aux Gants sur pratiquement tous les morceaux de la face A, rien que ça.
En face B, les deux premiers morceaux closent les enregistrements originaux déjà publiés, tandis que l'inédit "Pourquoi me faire ça" est un beau mid tempo mélancolique, dont les guitares encore accrocheuses, font la différence. "Pourtant si tu voulais" avec son intro un peu surf et son beat sur le thème de l'amour perturbé délivre peut-être le titre le moins "original " du groupe, même si le refrain et sa mélodie enchanteresse, tout comme son entrain rythmique, là encore, gagnent notre sympathie. En parlant de références Anglo saxonnes, "Toi tu nous Mens", avec sa basse un peu vrombissante et son beat rageur enlevé, pourra évoquer les Sorrows, ce qui, avouons-le, se pose là. On se serait passé par contre de Long Tall Sally, qui, bien qu'il tâche de rendre un hommage sincère à Little Richard, avec une bonne énergie, d'un morceau 50's dix mille fois repris par tous les groupes débutants de l'époque, (et pas une "composition" comme l'écrit par erreur ou plaisanterie l'auteur des notes de pochette, sûrement dans l'esprit de celles de l'époque, parfois cocasses), ne met pas franchement en avant la qualité d'accent du groupe, mais confirme par contre, s'il en était besoin, la supériorité incontestable des Bowlers sur de nombreux pairs de l'époque, en tant que groupe Beat français mid-sixties chantant dans la langue de Molière. Un album essentiel à la pochette magnifique reprenant celle du deuxième ep qu'il ne faudra pas trainer à acquérir, édition limitée (500 ex) oblige. Merci Caméléon Records.
La page dédiée au groupe, et au disque, sur le site Caméléon records.