Hier au soir, belle soirée Blues Rock and funk aux MGM, en partenariat avec le Roanne Blues festival ; première pour Patrick Vidil, son président (ci-dessus), heureux de pouvoir compter sur un lieu bien connu, fréquenté et efficace, pour annoncer en avant première la prochaine édition de ce qu'il faut bien convenir d'appeler désormais : un évènement musical incontournable du Roannais.
En "apéritif", à la place des DJs habituels : The Juke Joint Man. David Thomas, bien connu des habitants de l'agglomération et musicien pratiquant depuis le début des années 80 dans diverses formations, joue seul depuis maintenant une petite dizaine d'années, dans la grande tradition des chanteurs guitaristes du delta. Dobro, harmonica, voix rocailleuse et les deux pieds aux "manettes" d'une caisse en bois et d'un tambourin, gère son show et surtout les bonnes vibrations. Pas de fausses notes pour des classiques de blues Swampy à souhait interprétés avec toute la révérence, le feeling et la passion que cela nécessite.
En ouverture sur la grande scène, à ma surprise : Lakeetra Knowles & Music Train. Ce combo americano italien de blues-Funk (la chanteuse vient d'Arkansas) constitué du classique basse guitare, batterie, piano électrique, délivre un répertoire carré et bien joué. Le guitariste très doué a ouvert le set avec un titre chanté par ses soins, étonnant par la qualité de son interprétation. Ensuite, le répertoire, constitué de compositions et d'une paire de reprises (le fameux It Ain't Easy de Bowie, entre autre, très TinaTurnerien pour le coup, sûrement un des clous de la soirée), oscilla entre show agréable à l'américaine, comme souvent dans ce genre de formation, et rares moments un peu plus intimistes. Tout cela manquait néanmoins quelque peu de frissons en direction du public, le jeu de scène minimal de la leadeur n'étant de plus pas des plus entrainant. Les amateurs de Soul-Funk retiendront surtout un organiste au son 60's-70's particulièrement charmeur et une certaine fraîcheur.
Après un changement de plateau rapide, le local de la soirée : Pacôme Rotondo - dont le premier album auto produit "World of Confusion" enregistré sur la côte Roannaise par Pascal Coquart vient de paraitre - monte sur scène accompagné par deux amis nancéens : à la basse Nathan Bechet et à la batterie Sacha Fuhrmann. Avec son trio, Pacôme, à la voix caverneuse d'un homme de soixante ans, (il n'en a que vingt-deux) et sapé à la mode des années avant-guerre américaines, typique du sud, va dès le premier morceau mélancolique à la Dobro embarquer le public, venu essentiellement pour lui, semble t'il et resté assez nombreux à ce moment-là. Le réel talent de ce jeune homme, en dehors de son chant très original et peu commun, et sa dextérité à la guitare indiscutable, réside dans le fait qu'il ne se contente pas d'un genre en particulier - celui très marqué par Rory Gallagher et Johnny Winter entre autre - mais que sa formation musicale et sa passion l'amènent à mixer techniques et sensations, donc différents genres. Pour cela il utilise environ quatre guitares. Passant du Blues Folk ou de la ballade acoustique à des blues rock plus ou moins énergiques, il arrive aussi à retranscrire ses influences plus Hard et Métal dans son répertoire, l'air de rien. Si on a tous été scotché entre autre par sa reprise du Mistreated de Deep Purple (1974), Red House de Jimi Hendrix était aussi magistralement interprété (Foxy Lady sera joué à la toute fin). Le plus étonnant résidant sans doute dans des compositions de grande qualité. "I'm a Liar, Love Means Life, All My Mistakes..." Les deux autres collègues le soutenant impeccablement. Il soufflait un air de vrai amour du blues (A Love of Confusion !?) ce soir-là grâce à cette passion bien retranscrite. Bravo. Ne changez rien les gars !
Festival Roanne Blues #5
Les 15 et 16 mars 2024 à la salle Fontalon.
Programme sur : www.Roannebluesfestival.com
Article et photos © FG
Extraits live :