10 août 2008

Méditerranéenne Leucate (11) 04 Août 2008

Phoebe Kildeer and the Straws, Mademoiselle K,
Deus, Sonic Youth
L'affiche était alléchante, le lieu aussi, et le tarif raisonnable. (29 €)
Arrivé à Leucate via St Cyprien par la route de Perpignan, découverte du site pas très grand mais bien organisé. La scène surplombe et regarde la mer, située à l'extérieur des palissades. Plage de sable fin qui monte jusqu'à la scène.
Un petit bar couvert en bois et aménagé de statues métalliques invite à la farniente les arrivants (ainsi que le crew.) Mais l'action n'est pas là, alors direction l'enceinte.
Pas beaucoup de monde en début de soirée et pas de stands achalandés, mis à part quelques CD et deux trois tee shirt du festival. (Pas de Sonic youth ? too bad !). L'ambiance est par contre conviviale et le fait de marcher dans le sable couvert de coquillages invite à la relaxation.

Pascal Comelade, invité d'honneur distille son savoir faire aux manettes de la sono, irriguant le camp de sonorités garage rock ou de BO 70's entre chaque groupe. Cool.


Phoebe Kildeer et ses Straws ouvrent le bal pile à l'heure (19 h). Autant dire tout de suite que cette belle et fine brune australienne a bien fait de quitter son combo de variétoche néo 80's Nouvelle vague.
Méconnaissable dans le nouveau rôle de maîtresse de cérémonie es rock'nroll qu'elle s'est attribuée, elle est stupéfiante. Son guitariste, sosie de Phil Lynott dépote bien, et elle, munie de maracas lorsqu'elle n'est pas penchée sur son farfisa se déhanche en harranguant la foule.Répertoire garage punk et néo rockab' (reprise chaloupée de What I d' say) de très bonne tenue donc, avec en bonus le copain saxophoniste pour des turbulences stridentes façon free jazz.
Une belle prestation et un album "Weather's coming" déjà en bac à découvrir.

Mademoiselle K.
Précédée par de beau papiers entre autre dans Rock & Folk on atttendait cette demoiselle rock de pied ferme.
Pas de fausses promesses : le rock est bien là, dans ce qu'il a de plus libre : look cuir des pieds à la tête et cheveux à la garçonne, avec en prime une belle guitare en bandoulière dont la mignonne sait se servir.

Accompagné par 3 acolytes masculins faisant bien leur travail, Kate dévoile ses histoires personnelles de façon désenchantée, mais pas défaitiste. Il faudra bien tendre l'oreille pour comprendre tous les textes chantés dans une prononciation très personnelle, mais la plupart du temps, ceux-là sont plutôt bien sentis. Et même si la révolte des grands adolescents passe parfois par des raccourcis stylistiques un peu simplistes, on retiendra la singularité, la fraicheur et la maîtrise sonique d'un combo vraiment pas comme les autres. (Album "Jamais la paix".)

Ps : je ne sais pas si je dois écrire ça, mais j'ai eu l'impression de voir une Diam's version punk. (...)

De DEUS, je connaissais surtout la notoriété presque internationale, et la qualité de la musique pop rock aux ambiances impalpables, on dira...entre un Radiohead et un Lambchop pour le souvenir un peu confus que j'en gardais.
Pour un groupe belge, c'était déjà beaucoup (non non j'aime les belges !) et quelques morceaux que j'avais en tête à l'écoute des précédents albums n'avaient fait qu'atiser mon désir de les voir live, surtout après la lecture de la critique très positive de leur dernier CD dans un mag spécialisé (Musiq, pour ne pas le citer). Et le public de Leucate n'a pas été déçu.
Surfant sur une ambiance très travaillée (éclairages adaptés, fumigènes tout le temps de la durée du set, soit une heure et demi), le groupe divin a imposé son aura dés les premières mesures. Tom Barman, le chanteur, (Dr House ?) possède un timbre de voix et un charisme qui pourront rappeler le Michael Stipe des débuts de REM et ce n'est pas la seule raison pour laquelle j'ai personnellement trouvé beaucoup de sonorités de ce type dans leur prestation. (Il faut voir aussi leurs vidéos.)
J'enfoncerai le clou en parlant aussi d'un registre à la U2, pour ce style de rock quelque peu "grandiloquent", basant en grande partie son impact sur le visuel et le quasi mystique de certaines "recettes" : Les voix étranges et discordantes entonnées en choeurs, les sons de synthé et le violon électrique par exemple. On peut même aller jusqu'à dire que Deus convoque l'esprit des ainés 80's INX et Depeche mode dans des titres comme "Slow" ou "Architect".
Ceci dit, il se dégage quelque chose de vraiment charismatique et d'envoutant dans Deus, sans parler de la puissance rythmique développée par les deux guitares, associées au synthétiseur, qui en fait un grand groupe.

Seul point noir ce soir là: la justesse du chanteur qui n'a pas tenu la totalité du set. (Mais peut-être était-ce dû aux fumigènes ?)

Vantage point , nouvel album dans les bacs depuis le 21 Avril !!

SONIC YOUTH

Le groupe mythique de Thurston Moore et Kim Gordon s'est fait attendre et est arrivé sous des lumières orangées, tout de suite après le "Goo goo muck" des Cramps, clin d'oeil amical d'un Comelade farceur à ses potes New yorkais.
L'installation sur scène s'est faite un peu nonchalamment, malgré les réglages précautionneux d'usages par les roadies, sous les bravos d'une foule de fans déjà conquise. Puis, sans un mot, le leader a balancé un grand riff de guitare, départ du premier brulôt électrique tout en nervosité retenue. (100%)

La belle histoire aurait pu démarrer ainsi et les "classiques" s'enchainer les uns après les autres, mais cela aurait-il été trop facile pour un groupe aussi attendu (et qui n'avait que deux dates en France ?*) C'est en tout cas à un set un peu décousu et semble t-il à un manque de motivation auxquel on a eu droit.
Pas de dialogue instauré avec le public ou un petit "bonsoir" discret en français de Kim, (comme pour s'excuser), un set brillant par son manque d'énergie ou d'originalité... C'était dur de se dire que malgré tout ce que la scène récente leur doit, Mademoiselle K venait justement en comparaison de beaucoup plus envoyer que ce groupe culte.
Et oui... on ne joue pas le punk hardcore à 50 ans comme à 18 et le temps à malheureusement passé. Thurston Moore vient de sortir un album solo qui m'a laissé personnellement indifférent, et Kim Gordon sur scène ressemblait ce soir, je suis désolé à une retraitée qu'on aurait forcée à monter sur scène. Je sais, ça ne se dit pas, mais même ses déhanchements sur un instru final n'ont pas d'avantage réussi à me faire oublier ceux beaucoup plus sensuels d'une demoiselle en cuir passé juste avant.

Bref... les meilleurs moments ont été ceux chantés par Lee Ranaldo, faisant (enfin ?) ressurgir les mélodies imparables (du Daydream nation et de Dirty, entre autres) et la force sonique qu'on était en droit d'attendre.
Ce qui fait que je mettrais... 15/20 pour le sonic, et 14/20 pour le Youth.

En fait, je crois que le mieux reste encore d'aller se réécouter les bons albums, et d'aller sur le site de l'expo du Life. (Cf note ci-dessous.)

Je vous propose néanmoins la vidéo de l'entrée sur scène du groupe, avec le titre "100% ", de "Dirty"qui dépote pas mal quand même. Comme quoi... Quand on aime...

(*) Le deuxième concert avait lieu à St Nazaire le 09 , où une exposition rétrospective "Sonic Youth etc. Sensational fix" leur est consacrée cet été, au Life, nouvel espace culturel, du 18 juin au 17 septembre 2008. C'est ce qui explique que le (co) directeur des méditerranéennes, Bernard Bazan, a carrément du déplacer les dates du festival cette année pour les avoir. (dixit Paplar, le mag du festival)

ps : More videos to come. Watch'em at :
http://www.dailymotion.com/hectorvadair

© toutes photos : F. Guigue

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